SAGOU, ou SAGU, ou SAGO =>.
Fécule amylacée de couleur jaunâtre tirant
parfois sur le rouge ou le brun, extraite de la moelle de diverses
espèces de palmiers (notamment du sagoutier), utilisée en cuisine et en
pâtisserie comme élément de liaison, ainsi que pour préparer des potages
et des entremets. =>.
Dictionnaire portatif de commerce, contenant la
connoissance des marchandises de tous les pays, ou les principaux &
nouveaux articles, concernans le commerce & l'economie: les arts,
les manufactures, les fabriques, la minéralogie, les drogues, les
plantes, les pierres précieuses, &c.&c. ...,
Société typographique, 1770, Page 375,
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"Moluccæ Insulæ Celeberrimæ". Blaeu's map, which first appeared in 1630 in the Atlantis Appendix.
Sagou est le nom que les Malayes donnent à l'arbre
des Moluques qui produit une farine très-nourrissante, & dont les
naturels des Istes, où il croît, font du pain.
Les voyageurs qui ont
parlé de cet arbre , n'en ont donné que des fausses notions, pour ne
l'avoir suffisamment connu. C'est de son tronc tout entier , qui est
d'une substance tendre & moelleuse , qu'on tire cette farine,
&non d'une moelle propre, ni d'une tête portée à son sommet
semblable à celle1 du chou-palmite, comme la plupart d'entr'eux l'on prétendu : cet arbre n'a ni l'un, ni l'autre.
On sait en partie, par les
relations des voyageurs, que le palmier, le cocotier & le sagou,
sont trois ganres de palmacées qui fournissent la principale nourriture
aux naturels des pays où ces arbres croissent ordinairement, & qu'on
y fait aussi un commerce des choses qu'on en tire. Voyez Palmier & Cocotier.
Le Sagou croît abondamment
dans
les Isles Moluques, maïs principalement dans celles de Ceram, de
Gilolo, & à la terre, «es Papous, où l'on en cultive des forêts
entières. On en cultive aussi dans l'Ifle de Bornéo, & rarement dans
le reste des Istes de la Sonde, parce que le ris y abonde, & qu'il
est meilleur pour manger que le pain de sagou. Mais comme le ris ne peut
venir dans les Istes Moluques, ( si l'on en excepte celle de Macassar,
où l'on en cultive beaucoup & d'excellent, ) la providence y a
suppléé par le sagou, en l'y faisant croître plus facilement
qu'ailleurs.
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Raynal and bonne, 1780
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Le tronc de cet arbre croît à la hauteur de 20 à 25 pieds, & quelquefois jusqu'à celle de
30. Sa grosseur est assez considérable, un homme le pouvant à peine
embrasser.
Cet arbre ne vit guère plus de trente ans, il ne
donne qu'une fois du fruit; sçavoir, après son entier développement,
lequel n'arrive que dans son plus grand âge. Quand il a donné son fruit,
il périt peu à peu jusqu'à ce qu'il soit mort.
II y a quatre espèces
connues de ce genre, qui ne diffèrent guère l'une de l'autre, que par la
variété de ses épines & la dureté de fa substance. Elles donnent
toutes de la farine, mais en plus grande ou en moindre quantité, &
l'une un peu meilleure que l'autre. Les teuilles de la meilleure espèce ,
sont les plus convenables des palmacées pour servir à couvrir les
maisons, sous lamairi de bons ouvriers, beaucoup plus proprement &
plus solidement qu'on ne fait avec la paille en Europe.
Quoique l'arbre
de sagou en général n'ait point de véritable moelle dans le centre du tronc, cependant on peut
dire que tout le corps du même tronc compris fous son écorce, qui est
épaisse de deux bons travers de doigts, est d'une substance si tendre
qu'elle peut être considérée comme une espèce de moelle qui remplit les
Jârges interstices de ses fibres ligneuses qui sont son écartées les
unes des autres depuis le haut jusqu'en bas; substance qui indique
clairement, & quel'expérience confirme, qu'elle n'a été formée ainsi
par la providence que pour servir de nourriture à l'homme.
On tire de cet arbre la substance la plus pure, qui se réduit par l'art à une farine
ríifíi blanche
que de la chaux. laquelle enfin est beaucoup plus nourrissante &
salutaire qu'elle ne satisfait le goût délicat, qui a de la peine à s'y
accoutumer, si elle n'est pas assaisonnée.
Elle mérite bien ce nom , puisqu'elle sert de nourriture sous diffSrens apprêts, & én particulier
en en faisant du pain. On la conserve dans des cabas de feuillages
tressés en guise de petits lacs. Le marc resté dans la première
opération, sert de nourriture aux cochons.
Enfin , pour venir à
l'usage qu'on fait de cette farine, nous remarquerons , en premier lieu,
qu'elle ne peut guère se conserver plus d'un mois dans l'état où nous
venons de la laisser ; c'est pourquoi les Indiens sont obligés, ou d'en
faire d'abord du pain , simplement par le moyen du feu, lequel se
conserve aussi long-tems
Îiu'on veut, ou de la grainer parle même moyen, pour la conerver autant qu'on désire. Celle-ci ne sert qu'à faire des bouillies.
Ils appellent cette bouillie, papêdo. Ce
manger est estimé le plus sain de tout ce qu'on use aux Indes, étant de
fa nature très-facile à digérer , sens causer jamais la moindre
pesanteur dans l'estomac, quelque quantité qu'on en prenne. 11
entretient bien l'appetitSi le rétabli ,si on l'a perdu. Les habitans
des Moluques n'ont presque point d'autre aliment, du moins qui soit
austt capital que celui-là; cependant ce sont des gens replets, grands ,
bienfaits, & qu; vivent long-tems. Ils sont les plus blancs que
l'on voie aux Indes, quoiqu'ils aillent plus nus que les autres. Cette
bouillie peut servir de colle dani le besoin.
On fait en plusieurs
endroits des Indes commerce des pains de sàgou, liés ensemble par
paquets au nombre de dix, de quinze, ou de vingt, &c. tous d'égale
grandeur, & commodes par leur figure en tablettes, à s'arranger en
de plus gros paquets propres à être transportés dans des pays étrangers.
Voy.
Pain de Sagou.
Enfin, la farine grainée,
qui ressemble à des grains de coriandre, est proprement celle qu'on
apporte en Europe depuis quelques années sous le nom de fago, & que
d'habiles médecins Anglois estiment si fort, & avec raison, pour la
nourriture des malades, parce qu'elle est fort légère, nourrissante,
& d'une trèsfacile digestion. C'est une marchandise qu'on vend à
présent communément en Angleterre, assez souvent en Hollande, & qui
commence à prendre cours en France, &c. La meilleure vient de l'Ifle
de Bornéo. Mim. de M. Garcin. II en faut demi-once pour une soupe.
La
compagnie Asiatique de Copanhague en a vendu en 1761 ^ lb. 18200 en sacs de 200 liv. à 16 à 10, fols lubs lajjv.
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